Tokyo-San

Ma dernière vraie journée au Japon. Le délai avant l'heure de mon vol se compte maintenant en heures...
Mais avant de partir, je voulais retrouver mes collègues français de l'école de japonais. Ces gens avec qui on s'est battu à grand coup de kanjis !

Pour cette journée, profitons du grand soleil pour admirer les cerisiers en fleurs. Directions les jardins de Komagome.
Komagome... Là où se trouvait mon logement, lors de mon premier voyage ! J'en profiterais pour faire un crochet nostalgique !

    
(Les cerisiers, intégrés à même la ville)

Alors le parc, je vous en ai probablement déjà parlé une demi-trentaine de fois, alors inutile de m'étaler sur la question. Il est beau, bien agencé, et tout fleuri. Comme tous les parcs japonais, en définitive...

Mais cette fois ci, je ne l'ai pas exploré seul. Avec nos p'tits bentos dans les mains, nous, les apprentis tokyoïte avons plus rigolé qu'admiré la floraison... C'est beau la jeunesse, hein ?

    
(Des cerisiers, et Camille [カミ] qui passait par là)

Après notre promenade, je suis retourné plus particulièrement dans mon ancien quartier. Les choses n'ont pas beaucoup changé en deux ans, mais je manque quand même de lâcher une petite larme, en r'pensant à ces vieilles années...

Je m'aventure ensuite sur le chemin que je pratiquais tous les jours, de chez moi à la gare de métro de Sugamo. Petite allée fleurie, longeant la ligne de métro... D'autres souvenirs émergent doucement, sur cette petite rue tranquille...
Il me manque quelques mots pour décrire tout ça, mais ce sont les émotions qui refont surface.

    
(Allée fleurie, en direction de Sugamo)

A contre coeur, je quitte le quartier. Bientôt, je quitterais même la ville.
Et c'est à ce moment là que je visualise, bien qu'avec imprécision, toutes les belles choses et les expériences inattendues que j'ai pu voir, lors de mes deux voyages ici...

Et grâce à ce blog, je ne risque pas de l'oublier...
Ce beau et étrange pays qu'est le Japon...

Kamakura toujours. Sur mon petit plan de touriste, il y a un grand temple shinto, quelque part, pas très loin du centre. Le Tsurugaoka Hachiman-gū (à mes souhaits) pour être exact.

Mais avant d'arriver devant l'édifice, je tombe sur une rue à la fois pleine de gens et de cerisiers. Longue avenue, à la fois touristique et commerciale, dont le cadre apaisant voit passer quelques japonais en yukata (ou kimono léger d'été, pour le profane), ainsi que d'innombrables touristes, appareil photo à la main.

    
(Le Tsuru-machin, au loin)

Le temple est enfin à vue. Et sur cette énorme place, juste devant, s'étend une myriade de petits commerces qui vendent des bricoles à la volée. Des brochettes de dango, des manjus, des souvenirs-bidules... Bon, comme j'ai eu la bonne idée de venir ici en fin d'après midi, ils sont déjà tous en train de plier leurs stands. Étonnamment, le monde est toujours là.

    
(Au pied du Tsuru-machin)

En vérité, en s'aventurant un petit peu plus loin, l'enceinte devient rapidement beaucoup plus calme. J'ai même retrouvé un peu plus loin, près d'un lac, un héron et quelques écureuils. Un peu de faune, dans ce monde de touriste !

Vous ai-je déjà parlé de ces petits bouts de papiers, que l'on accroche communément sur des arbres, ou parfois sur des bidules montés pour l'occasion ? En vérité, on peut acheter des espèces de prédiction, au temple du coin. Et si la prédiction n'est pas bonne, on peut l'accrocher pour en conjurer les effets. Pratique, n'est-ce pas ?

(Un papier par touriste... Ca en fait du touriste !)

J'ai poursuivi ma promenade, jusque dans les coins reculés, là où il n'y a plus touriste qui se promène. A un moment, je suis même tombé sur cet édifice curieux, sans couleur, ni statue, ni nom, ni inscription... Je me suis plu à croire à un édifice perdu, à la gloire d'un dieu oublié...
A la réflexion, j'aurais du y jeter une pièce... J'ai un faible, pour les divinités oubliés, et les temples perdus !

(Temple à la gloire d'un dieu oublié ?)

Mais la nuit commence à me tomber sur le coin de la figure... Il va être grand temps de regagner Tokyo... La métropole, son monde, et son bruyant...

Lorsque l'on va à Kamakura, la première chose à faire, c'est d'aller voir le Daibutsu. (Vous ai-je déjà dit que cela signifie littéralement "grand bouddha" ?)
Bien évidemment, moi j'ai fait un détour dantesque... Mais c'est ma manière de visiter un pays.

Il n'empêche que cette statue attire beaucoup de gens, et que les alentours s'en retrouvent bondés...
Pratique, ceci dit, pour ne pas se perdre. Il suffit d'aller dans la même direction que les gens. En particulier lorsque l'on vient de nulle part !

(Le grand Daibutsu, et les petits gens)

Il faut bien l'avouer, en comparaison de celui de Nara, celui-ci fait pâle figure. Il n'en reste pas moins intéressant, d'un part parce qu'il est en plein air, et d'autre part par le cadre qui l'entoure. J'ai eu de la chance, un beau ciel bleu donne un magnifique fond pour la contemplation.

(Présence sur son fond bleu)

Petit quelque chose, que je trouve à la fois étrange et regrettable, ce sont ces espèces de fenêtres que l'on trouve dans le dos de la statue. Je me suis  demandé si c'était un emplacement calculé pour implanter des réacteurs ? Ma théorie s'est vite effondrée, lorsque j'ai vu qu'il était possible d'entrer à l'intérieur même de la statue, pour y voir je n'sais quoi. J'ai vite écarté cette idée lorsque j'ai vu la file de croyants patienter patiemment pour ce fameux "je ne sais quoi"...

(Heuu...)

Tour autour de ce Daibutsu, il y a un bien un parc. Parfaitement négligé par le touriste lambda, qui ne vient que pour le bouddha. Et je le comprends, parce qu'il pète la classe, et que le jardin, bien qu'intéressant, n'est pas de l'ordre de l'exceptionnel...

(Un morceau du jardin, et ses jolies couleurs)

Bon, vous commencez à connaître mes réactions quand il y a un trop plein de gens... Je fuis !
Ça tombe bien, il y a un grand sanctuaire shinto, un peu plus loin, qui me tend les bras !

Aujourd'hui, le temps est au plus radieux. Malheureusement, il ne me reste qu'une poignée de jour au Japon !
Alors afin de profiter au maximum de mes derniers jours, direction Kamakura ! Ça fait des années que j'en entends que du bien, il est temps d'y j'ter un oeil !

(Horloge atypique, pas loin de la gare)

Ceci dit, je ne sais pas bien à quoi m'attendre... Je sais qu'un grand Bouddha se cache quelque part, et que c'est l'attraction touristique principale du coin.
Mais ça ne m'empêchera pas de vadrouiller, explorer les recoins reculés, et traverser les chemins oubliés !

(coin pique-nique)

Sur une telle promenade, il n'y a pas grand chose à dire, si ce n'est que c'est un bol d'air pur, loin de la grande ville de Tokyo. Ya même des arbres qui poussent en liberté, et des animaux qui vadrouillent ça et là ! Incroyable, n'est ce pas ?

    
(Un peu de faune locale)

Bon, il y a aussi un peu de cet étrange, caractéristique du tourisme au Japon. Prenons cet autel, où le symbole principal me fait irrésistiblement penser à la tri-force, dans la saga Zelda... A votre avis, qui est ce qui a pompé l'idée, Nintendo, ou les religieux ?
Juste à coté, au dessus du bassin, quelques fils colorés sont tirés. Vous pensez que c'est pour empêcher les poissons de s'échapper ?

    
(Un coin probablement à la gloire de la tri-force, et des poissons mis en cage)

Mais je ne m'arrête pas sur mes absurdes questions, et continue ma route. Pour un vrai chemin de randonné cette fois. Là où le touriste lambda ne s'aventure pas. En direction de l'inconnu, et même un peu plus loin...

    
(Vue sur Kamakura)

Avec ce crochet, j'aurais au final fait un grand tour... Si je suis bien la carte que j'ai entre les mains, je devrais tomber rapidement sur le Daibutsu. Ça tombe bien, c'était ma prochaine étape !

Le matin même, je me suis auto-considéré comme un cinglé de 4ème catégorie...
Pourquoi ? D'une part parce que je fais, je refais, et je rerefais la visite des parcs lors de la floraison des cerisiers. D'autre part, parce que j'y vais un week-end... Les jours où il y a le plus de monde...

Direction le parc de Shinjuku, que je connais, reconnais et rereconnais.
Joyeux bain d'foule en perspective...

(Un noir-de-monde, seulement à l'entrée du parc de Shinkjuku)

Mes motivations sont d'une part "ouais, c'est parce que c'est jolie". C'est certains, c'est jolie.
Mais je crois qu'il y a aussi comme un devoir de reporter que je me suis senti d'incarner à ce moment là... Montrer à la face du monde combien les japonais répondent à la caricature de l'entassement spontané. Parce que le monde doit savoir...
Ceci dit, je me suis maudit dès le premier quart d'heure... J'avais oublié que j'étais un poil agoraphobe, sur les bords...

     
(Une poignée de noir-de-monde, et de bleu-bâches)

L'autre point caractéristique que j'ai du mal à cerner, c'est le fait de prendre une de ces grandes bâches bleues en plastique dégueulasse, pour pique-niquer sous les cerisiers en fleur. L'intérêt premier n'est-il pas de faire communion avec la nature et de partager ses bienfaits ? Alors pourquoi s'en séparer avec une grande bâche bleue en plastique dégueulasse ?!
Un an et demi plus tard, je me pose encore la question...

     
(Toiture végétale)

Je crois que la partie que je préfère, ça reste et restera ce chemin, avec toiture végétale, plus particulièrement en fleur de cerisier. Là, l'temps est gris et triste, mais imaginez ça sur un fond bleu irradiant, sous une douce chaleur de printemps. Vous y êtes ? Et bien c'est aussi ça le Japon...

     
(Un noir-de-monde, photographe à ses heures)

Une autre passion, c'est de voir les japonais s'entasser sur les fleurs à porté de main, et de les prendre en photo sous tous les angles, avec leurs téléphones, appareils photos, tablettes, et j'en passe... Et moi, j'aime prendre les photographes en photos, à cette période de l'année !
Je ne sais pas si c'est un rituel ou un passage obligatoire, mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur ce qu'ils font de toutes ces photos. Comme ils doivent en plus faire les mêmes tous les ans...
Si quelqu'un à une réponse, je lui en serait extrêmement reconnaissant. Je passerais ainsi des nuits plus paisibles...

     
(D'autres noir-de-monde, éparpillés un peu partout)

Mes clichés sur les cerisiers, ses fleurs, ses touristes et ses passionnés se comptent à présent par milliers. Je ne peux pas tout diffuser, Et vous m'en voyez n'avré...
Et bien convenons que vous n'aurais qu'à venir les chercher !

'faut pas croire, mais ça rend claustrophobe, les placards... (C'est probablement là que j'ai compris le calvaire d'Harry Potter, sous son escalier qui grince...)
Alors je m'en suis allé vadrouiller.

(Tokyo Skytree)

Dans le coin où j'étais, j'avais une belle vue sur rien de moins que le fameux Skytree, dépassant sans mal toutes les structures locales... Facile ! Car à en croire Wikipédia, c'est le deuxième gratte-ciel (encore debout) le plus haut du monde, avec 634 mètres !

Quand on l'voit comme ça, on s'dit que ça doit pas être trop loin. J'ai donc décidé d'aller au pied du truc. Manière de voir si c'est beaucoup plus impressionnant que la cathédrale de Strasbourg !
Ben c'était quand même vachement loin...

(Au pied du machin)

Autre petite déception : le bâtiment n'était pas encore ouvert. Nous sommes le 6 avril. Le bâtiment a été achevé le 29 février, mais ne sera inauguré que le 22 mai. Pile entre les deux dates, je peux observer la structure, mais pas profiter d'une imprenable vue de son sommet. Pas la peine de revenir demain.

Autre fait notable : comme la construction a débuté en juillet 2008, je me souviens que je pouvais observer de loin la construction du gratte-ciel depuis le 24ème étage de mon labo de Chiyoda-ku. Un ami prenait même la construction en photo régulièrement, pour en avoir une trace, semaine après semaine. Mais j'avais pas la moindre idée de ce que c'était, en c'temps là...
Ceci dit, j'dois bien avoir une trace quelque part, attendez voir...

     
(Art moderne)

Au pied du machin (parce que j'ai quand même fait 3 fois le tour pour chercher une entrée qui n'existait pas), il y avait un semblant d'art moderne. Un cube fait avec des cartes mères, une sphère en canette de soda, et une pyramide en bouchon... Pourquoi ? Aucune idée...

(Tokyo Skytree, dominant le reste de la ville)

A noter tout de même qu'avant de pouvoir atteindre ce tas d'féraille, j'ai fait des tours et des détours, tant j'ai rencontré un nombre incalculable d'embuche... Des rivières, des lignes de trains, des autoroutes... Tous aussi infranchissables les uns que les autres ! La tour me lorgnait de loin, sans que je puisse l'atteindre. J'ai du m'perdre une douzaine de fois, faire demi-tour au moins à autant de reprise, et m'égarer en perdant le nord... J'me demande même comment j'ai fait pour revenir à mon dortoir, tiens... (Ah, si, j'me souviens ! J'ai demandé mon chemin à tout le monde, afin de me rendre compte que j'étais pas du tout sur le bon chemin...)

Du coup, je ne garde pas un souvenir émerveillé de Nara. C'était sympathique, les gens étaient cool, et certains trucs intéressants, mais ce n'était pas à la hauteur de ce que mon imaginaire à pu m'promettre. Pas comme Kobe, où je n'attendais rien en particulier, et où j'ai trouvé un cadre inattendu, et particulièrement charmant !

Me voilà donc sur le chemin du retour. Tel un fortuné citadin, je prends le fameux Shinkansen. Le fameux train où il y a de la place pour les jambes, et qu'il va si vite que vous n'avez pas le temps de ronfler, que vous êtes déjà arrivés à Tokyo !

(Fantastique hublot du Shinkansen, donnant sur le mont Fuji)

Il est d'ailleurs bon de savoir que sur un trajet Kyoto-Tokyo, on passe pas bien loin du mont Fuji ! Donc gardez les yeux ouverts et zieutez du bon coté ! Enfin, si vous avez la chance d'avoir une place du bon coté... (Parce les places sont attitrées, et pour ce trajet, je n'ai pas eu cette chance...)
Avec un enneigement pareil, la photo aurait été magnifique, n'est ce pas ?

Une fois arrivé à Tokyo, je me dirige vers mon lieu de résidence. Dans le quartier des coupes-gorges. Ça, c'est parce que j'ai eu la bonne idée de revenir sur Tokyo, la veille d'un week-end de floraison des cerisiers. Du coup, toutes les auberges ont étés prises d'assaut, et je n'ai pu réserver qu'un placard à balais pour deux nuits.
Non non, pas un dortoir ! Un placard, j'vous dit !
Ça m'apprendra à pas préparer mes vacances, tiens...

     
(Périmètre complet de mon 2m²)

Les photos parlent d'elles même. Je ne devais avoir véritablement que 2m² d'espace réservé. A peine de quoi déplier une couverture, avec un p'tit placard pour jeter mon sac. Dans une pièce avec 8 espaces comme ça. Tous occupés.
J'ai même eu du mal, moi, p'tit jeune maigrichon, à monter mon bardas... C'est dire s'il faut être svelte pour escalader ces conneries !
Et je vous parle pas des deux nuits catastrophiques que j'ai passé...

Pourquoi avoir choisi de voir encore le palais impérial à Nara ?
Et bien c'est simple. Sur ma carte de touriste, il y avait un grand carré vert, au nord de Nara. Ça ne peut être que trop bien !

Rupture des désillusions en un cliché :

(Ancien palais impérial, son terrain vague, son histoire)

Petit cours d'histoire ? Pour faire simple, lorsque Nara est devenue la capitale du Japon en 710, on à bâtit un palais impérial. Pour abriter la petite famille. Toutefois, lorsque la capitale a été à nouveau déplacée pour Kyoto, la structure a été tout simplement abandonnée... jusqu'à ce qu'on s'dise qu'il faille restaurer voire reconstruire ce qui a pu être perdu, mais il faudra attendre les années 50.

Alors je ne vais pas m'étaller pendant d'interminables paragraphes. Je me contenterais simplement de dire ce que je ne savais pas ce jour là : le palais a beau être classé Unesco, tout ça, cela n'enlève pas le fait qu'il a été à l'abandon pendant de longues années, et qu'il n'en reste pas grand chose, si ce n'est un site archéologique d'un intérêt médiocre pour le touriste que je suis.
Ceci dit, certains sites le vendent comme "un rappel à la gloire immense de Nara". Je n'ai vu personnellement qu'un immense terrain vague, avec des cailloux dessus...
(et lorsque je regarde des photos ailleurs, je me dis que j'ai sérieusement dû manquer quelque chose, tant ils vendent du rêve, en comparaison de mes clichés moribonds)

(Une porte, et sa ligne de train)

Plus surprenant encore : sur ce vaste terrain, rien de moins qu'un ligne de train le traverse de part en part.
Alors z'allez pas m'la jouer avec la restauration et toute sa clique ! Je maintien "terrain vague" ! Bande de voleurs !

C'est partir pour le Yakushi-ji.
Cette fois, pas la peine de traverser toute la ville, c'est juste en face !

Commençons par un peu de théorie :
Alors le Yakushi-ji, temple bouddhiste, l'un des principal monuments de Nara, patrimoine mondial, Unesco, tout le tremblement.
Un aperçu : ça devrait ressembler à ça :

(Le Yakushi-ji théorique [by Wikipedia])

En pratique, j'ai eu ça :
(Je n'ai pas de photo globale, je me demande encore comment j'me suis démerdé...)

     
(Ce que sont les tours gauche et droite)

Tiens donc... Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?
Tout juste, la tour principale du château de Himeji, en pleine restauration... Ma chance légendaire à encore frappée, me voilà de nouveau face à un monument en travaux... J'ai bien fait d'venir, dis donc !
(Ceci dit, je vous dis des bêtises, je suis plutôt chanceux en général. Surtout pour un mec qui prépare pas ses vacances au Japon... Au Japon, quoi ! Le pays de l'ordre et de la discipline ! J'aurais pu m'faire enfermer pour dissidence, par exemple !)

(Vue du flanc droit)

Étonnamment, le bâtiment avait quand même beaucoup de vie tout autour de lui. Ce même jour, il voyait en son sein une célébration dont j'ignore fondamentalement tout (plein de coup d'cloche, et des gens qui s'amassent près du bâtiment central, ainsi que quelques chants. Je n'en saurais pas plus), ainsi qu'un service de cérémonie du thé, sur le flanc droit. Service pour lequel il faut une invitation officielle. J'pense pas avoir ça dans mon inventaire...

     
(Photos volés des moines chanteurs, s'installant sans l'ombre d'un reproche au stand de thé)

Et c'est la que la chance légendaire à encore frappé ! La vrai chance cette fois, pas l'excuse bidon aux mauvaises situations !
Car croyez le ou non, probablement démontrant une incommensurable détresse, un p'tite japonaise (disons la quarantaine, l'air avenante) s'approche de moi, et m'file sans sourciller un ticket pour aller m'payer un thé gratuit au stand sur l'aile droite. Comment pensez vous que j'ai pu réagir ? Ouais bizarrement... Plus exactement, je l'ai remercié, baraguiné quelques mots incompréhensible de mon japonais incertain, et j'ai fini par errer dans l'enceinte du temple, sans oser m'approcher du stand...
C'est con un blond, quand même...

La p'tite dame finit par me remettre la main dessus, pour l'accompagner au stand. Manière de causer un peu, v'voyez ?
J'lui ai parlé un peu de mon voyage, elle m'a dit qu'elle avait plein d'tickets mais qu'il faut les couler tout d'suite parce qu'ils expirent... La pluie, le beau temps, tout ça...
J'vous passe les détails sur le "T'es doué en japonais, dis donc ! - Non non, je suis modeste, comme le veux le code d'éthique de ton pays !". Trop classique à mon goût.

     
(L'entrée du musée d'art j'sais-plus-quoi)

Une fois notre thé séché, la p'tit dame me propose, tickets d'entrés à l'appui, de faire le tour des musées et expositions avoisinantes. Ceux là même que j'ai négligé quelques quart d'heures plus tôt, pour combinaison de raison qui furent "ça coûte des sous" et "j'y comprendrais de toute façon rien". A présent, la première raison s'envole, mais doutent s'échappent avec.

Des cloches, des bouddhas, des reliques d'un coté, et des peintures, des plantes, des artistes de l'autre. J'ai pas d'photo des expos, interdite comme souvent.
En complément d'une visite soignée, j'ai eu quelques brides d'explication, auxquelles je ne comprenais pas toujours tout. Ou disons plutôt pas grand chose, pour être honnête... Mais ça n'en restait pas moins intéressant !

Après ces visites culturelles et instructives, ont suivies une successions de remerciements. Aussi chaleureux que le veut le code d'éthique de son pays. C'est important. Puis je m'en suis allé, j'avais encore un truc important à voir dans cette ville aussi belle qu'étrange. Le palais impérial de Nara !
Avec le recul, j'crois que je lui ai même pas demandé son nom...

Je quitte ainsi le Tôdai-ji, plein de l'arme et d'émotion (et en bataillant contre une poignée de cerfs, qui veulent me manger mon nikuman, et moi avec), pour me diriger vers mon auberge. Oui, celle là même qui est hors de prix.

(Un truc mignon, qui passait par là)

Je n'ai pas choisis volontairement à ce qu'elle soit hors de prix, mais je n'ai pas eu non plus énormément de choix. Faute de disponibilité, et de localisation... On est à Nara tout d'même ! Alors je me contenterais d'une simple nuit, et j'me casserais de là. A vrai dire, j'en ai d'jà marre, des cerfs...

En tout cas, l'accueil était plus que correct, le coin calme, et la piaule confortable. Que demander de plus ?

     
(Ma coquette petite piaule)

Le lendemain venu, comme à mon habitude touristique, j'ai improvisé.
Ha oui, pour ceux qui ne l'auraient encore pas compris, je n'ai rien préparé du tout de mon voyage. C'est pour ça que je m'fais surprendre une ville sur deux pour cause de "pas d'logement", ou que je découvre, ébahit, qu'il y a des trésors inestimables à contempler.

J'ai donc vu sur ma carte un carré vert, loin au sud-ouest de la ville. Ni une ni deux, j'ai dit "j'y vais" !
Et comme je suis pas malin, et radin sur les transports en commun, j'y suis allé à pied... Sans me douter que j'en aurais pour plus d'une heure de crapahutage ! (parce que les malins n'ont pas fait une carte orthonormée, mais avec des indications de distance, que j'aurais mieux fait de repérer plus tôt...)

Mais je finis par me pointer devant le Tōshōdai-ji, l'estomac dans les talons, et les pieds en sang.

     
(La carte des lieux, et son premier aperçu)

Donc le Tôshôdai-ji, un temple bouddhiste de la secte Ritsu... Secte ?! Ils y vont un peu fort, sur Wikipedia, non ? Bref, vulgarisons ça comme "un grand domaine sur lequel il fait bon flâner" ! Ça me parait tout de suite beaucoup plus sain.
(Ceci dit, on parle de "secte bouddhiste" pour à peu près tous les temples, mais je ne pense pas qu'il y ait cette connotation négative comme on le retrouve chez nous.)

D'ailleurs, lorsque je regarde cette carte pleine de forêt, en complément d'un temps plus que clément, je sais déjà que ça va m'plaire !

     
(Un mur, d'la mousse)

Étrangement, il n'y avait pas âme qui vive. Ce qui n'était pas pour me déplaire. Ça me laisse le temps libre pour mes vadrouilles, et autant d'angle de choix pour capturer l'image qui m'est offerte.

     
(Flore locale)

Vous l'aurez compris, j'erre dans le parc de longues heures, et j'hume avec passion l'air pur de la culture japonaise.
Vous ne m'en voudrez pas si je néglige un brin les détails historiques ? De toute façon, j'sais pas lire...